Sortir des sentiers battus


Les probiotiques sont des bactéries vivantes qui sont bénéfiques pour le système digestif. On n’a qu’à penser aux bienfaits digestifs des probiotiques dans des aliments comme le yogourt ou le kéfir. De nombreux scientifiques étudient comment les variations de la composition de la flore bactérienne intestinale pourraient contribuer à un éventail de maladies comme l’obésité, le cancer colorectal, les maladies cardiovasculaires et la SLA.

Il y a trois ans, la doctorante Audrey Labarre a donné des probiotiques à de minuscules vers appelés C. elegans dans le laboratoire du Dr Alex Parker au Centre de recherche du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CRCHUM). Ces vers ne mesurent qu’un millimètre, mais comme leur durée de vie est courte et qu’ils partagent 60 pour cent de leur bagage génétique avec l’humain, ce sont des animaux parfaits à utiliser en recherche. Mme Labarre étudiait l’effet que pouvaient avoir différentes souches de probiotiques sur la façon dont les vers accumulent les graisses.

Au même moment, mais dans le cadre d’un projet distinct, Mme Labarre étudiait la dégénérescence des motoneurones dans des vers qui avaient été modifiés génétiquement à l’aide de gènes associés à la SLA – soit TDP-43 et FUS. Un jour, elle a décidé d’examiner ce qui se passerait si elle donnait les probiotiques de son autre projet aux vers atteints de SLA. Sa curiosité a porté fruit et lui a permis de faire une découverte importante. « J’ai été étonnée de voir qu’une des 20 souches de probiotiques que j’ai testées permettait non seulement de réduire l’accumulation de graisses, mais de renverser complètement la paralysie et la mort des motoneurones dans les vers atteints de SLA », dit Mme Labarre.

En 2016, grâce à une bourse de découverte de la Société canadienne de la SLA et de la Fondation Brain Canada accordée au Dr Alex Parker, elle a poursuivi ses travaux de recherche et a réussi à déterminer les processus biologiques sous-jacents expliquant le rôle protecteur que jouent les probiotiques chez les vers atteints de SLA.

Mme Labarre a récemment reçu une bourse de stagiaire de 75 000 $ de la Société canadienne de la SLA pour amener ses découvertes étonnantes à la prochaine étape de recherche et voir si elle peut observer les mêmes effets dans la souris. Dans le cadre du projet subventionné par cette bourse, elle donnera des probiotiques à des souris atteintes de SLA et mesurera le délai d’apparition de la maladie et la durée de vie. Elle analysera également le cerveau et la moelle épinière de ces souris pour déterminer si la souche la plus prometteuse de probiotiques, appelée « souche numéro 7 », a un effet sur la dégénérescence des motoneurones et, le cas échéant, explorer la nature de cet effet.

« J’espère observer un effet semblable des probiotiques sur les souris, tout en étant consciente que dans les vers, on peut étudier l’effet d’une seule bactérie à la fois », dit Mme Labarre. « Les souris possèdent une flore bactérienne intestinale plus grande et beaucoup plus diversifiée; il y a donc un plus grand nombre de facteurs à prendre en considération. » La composition génétique des souris est plus proche de celle des humains que les vers. En général, les régions d’ADN qui codent des protéines chez les souris sont identiques à environ 60 à 85 % à celles des humains.

« En science, il y a plein de nouvelles idées, comme des pierres dans les champs. J’aime trouver des idées qui sortent des sentiers battus », dit-elle. « Je suis très enthousiaste envers mon projet. Il y a quelques années, les chercheurs qui ont suggéré que les bactéries intestinales pouvaient avoir un effet considérable sur le système nerveux n’ont pas été pris au sérieux. Je suis chanceuse parce que j’ai continué à étudier mon hypothèse de recherche qui est maintenant soutenue par une grande quantité de données. »

La SLA comme domaine de recherche stimule Mme Labarre. « C’est le seul que je connaisse où tous les chercheurs, les gens atteints de SLA, les soignants et les médecins sont si intéressés par ce que nous faisons », affirme-t-elle. « J’ai assisté à plusieurs reprises au Forum de la recherche de la Société canadienne de la SLA qui a lieu chaque année en mai, et je suis chaque fois ébahie du travail acharné qu’accomplissent les gens pour trouver de nouvelles façons d’aider les personnes aux prises avec la SLA. »

La Société canadienne de la SLA appuie la recherche de calibre mondial au Canada depuis plus de 30 ans au moyen de subventions et de bourses dans le but de faire de la SLA une maladie traitable, et non terminale. Les bourses de stagiaires de la Société canadienne de la SLA appuient les chercheurs émergents de la SLA, qu’ils soient étudiants au doctorat, chercheurs postdoctoraux ou chercheurs cliniques associés. Les bourses de stagiaires encouragent les jeunes chercheurs à faire de la SLA leur champ d’intérêt et permettent d’assurer que le Canada possède une base de talents solide aujourd’hui et dans le futur.

Ce projet de recherche est l’un des 12 projets financés par le programme de recherche de la Société canadienne de la SLA en 2017 à la suite d’un processus rigoureux d’évaluation scientifique par des comités de spécialistes internationaux de la SLA. Les membres des comités d’évaluation ont évalué un grand nombre de candidatures pour trouver les projets qui font preuve d’excellence scientifique et qui ont le potentiel de faire progresser le plus rapidement le champ de recherche de la SLA afin de mettre au point des traitements efficaces.

La Société canadienne de la SLA est un organisme de bienfaisance enregistré qui ne reçoit aucun financement public. Tout ce qu’elle fait – du financement de la recherche au soutien communautaire des personnes aux prises avec la SLA – est rendu possible uniquement grâce à la générosité des donateurs et aux partenariats avec les sociétés provinciales de la SLA qui contribuent au programme de recherche de la Société canadienne de la SLA.

Voir une vidéo d’Audrey Labarre discutant de certains de ses autres projets de recherche.

Nous vous invitons à envisager de faire un don pour contribuer à un avenir sans SLA.

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