L’une des caractéristiques de la SLA, censée se produire avant même l’apparition des symptômes, est la surexcitation (ou hyperexcitabilité) des motoneurones dans le cerveau. Ce phénomène se produit au niveau cellulaire et n’est pas perceptible par les personnes qui en souffrent, mais les chercheurs ont trouvé de preuves d’hyperexcitabilité dans les enregistrements électriques du cerveau et dans les marqueurs du liquide céphalo-rachidien des personnes atteintes de SLA. La simulation magnétique transcrânienne répétitive est une technique non invasive qui utilise un champ magnétique pour stimuler et moduler l’excitabilité des cellules nerveuses. Une méthode, connue comme « continuous theta burst stimulation (cTBS) », est censée réduire en toute sécurité cette hyperexcitabilité en envoyant un grand nombre d’impulsions magnétiques dans une zone ciblée du cerveau sur une courte période de temps. Au cours de cette étude pilote, 15 participants subiront la procédure sur une période de cinq jours. Les chercheurs surveilleront les participants pour s’assurer que la technique est sûre et bien tolérée et évalueront tout changement dans l’excitabilité corticospinale et les marqueurs biologiques une semaine et trois semaines après le traitement.

La jonction neuromusculaire (JNM) est le point où les motoneurones se connectent aux fibres musculaires afin de transmettre les signaux du cerveau aux muscles. Les cellules gliales, qui soutiennent les neurones, jouent un rôle crucial dans le maintien de la stabilité et la réparation de cette jonction. Plusieurs chercheurs estiment que l’un des premiers événements de la SLA est la déconnexion des motoneurones des muscles au niveau de la JNM, accompagnée d’une réparation inadéquate des cellules gliales. Cet essai de phase 2 étudiera les effets du médicament darifénacine sur la JNM des personnes atteintes de SLA. L’hypothèse est que la darifénacine peut aider à maintenir cette connexion essentielle entre les neurones et les muscles en ciblant la réparation des cellules gliales, améliorant ainsi le contrôle et la fonction musculaires, tout en réduisant la perte musculaire. L’étude recrutera 30 participants, qui recevront de manière aléatoire soit le médicament actif, soit un placebo par voie orale pendant 24 semaines. Les chercheurs suivront les participants pour assurer la sécurité du médicament et déterminer le dosage approprié. Ils évalueront également la force musculaire, la fonction respiratoire et les variations dans les résultats de l’échelle ALS Functional Rating Scale-Revised (ALSFRS-R).

La paralysie progressive dont souffrent les personnes atteintes de la SLA peut finir par rendre la communication avec les autres difficile, en raison de l’affaiblissement des muscles qui réduit la capacité de gesticuler et de parler. Pour aider à améliorer la qualité de vie des personnes atteintes de la SLA, des chercheurs de l’Institut de recherche de l’Hôpital d’Ottawa évaluent la sécurité d’emploi d’un nouveau dispositif d’assistance basé sur une technologie d’interface cerveau-machine (ICM) pour aider les gens souffrant de déficits moteurs à communiquer. Ce dispositif peut transformer les signaux du cerveau en lettres uniques sur un écran d’ordinateur pour permettre aux patients d’épeler des mots par leur seule pensée. Cette technologie nécessite la mise en place chirurgicale de deux capteurs dans les régions du cerveau qui aident aux fonctions motrices et cognitives. Les chercheurs surveilleront les deux participants pour s’assurer que l’intervention est sécuritaire et pour évaluer la capacité de cette technologie à favoriser une communication efficace et à améliorer la qualité de vie.

BIIB067 (également appelé tofersen) est un oligonucléotide anti-sens (ASO), actuellement à l’étude pour traiter une forme héréditaire de SLA liée à des mutations du gène SOD1. Les chercheurs pensent que suite à une mutation, le SOD1 acquiert une fonction toxique et endommage les cellules nerveuses qui contrôlent les muscles volontaires, ou motoneurones. Le tofersen est conçu pour diminuer la production de SOD1, ce qui permettrait de préserver les motoneurones et de ralentir la progression de la maladie. C’est du moins ce qu’espèrent les chercheurs. Le médicament est administré dans le liquide céphalo-rachidien par une procédure appelée injection intrathécale. Bien qu’un précédent essai clinique de phase 3 n’ait pas été en mesure de démontrer une différence significative du score sur l’échelle ALSFRS-R entre le groupe traité par tofersen et le groupe placebo sur la période d’étude de 6 mois, le traitement par le tofersen a montré des signes d’effet clinique par le biais de multiples mesures. Le prochain essai clinique de phase 3, appelé ATLAS, sera le premier du genre car il impliquera des participants porteurs d’une mutation du SOD1 qui sont considérés présymptomatiques (c’est-à-dire qui ne présentent pas encore de signes manifestes de la maladie) mais qui ont un biomarqueur élevé, ce qui indique le déclenchement infra-clinique de la SLA. L’objectif de cette étude est de déterminer si un traitement présymptomatique par le tofersen peut retarder le diagnostic clinique de la SLA et ralentir le déclin fonctionnel par la suite. Les participants à l’étude seront traités pendant une période pouvant aller jusqu’à deux ans.

Withania somnifera est une plante dont les extraits sont utilisés depuis des siècles dans les médecines traditionnelle indienne, chinoise et arabe. Les extraits présentent des propriétés anti-inflammatoires, antitumorales, anti-stress, antioxydantes, immunomodulatrices et rajeunissantes. De plus en plus de preuves suggèrent que l’extrait de Withania somnifera pourrait également avoir des effets neuroprotecteurs. Dans des études antérieures, utilisant des modèles de souris de la SLA (1 en anglais seulement2 en anglais seulement), les chercheurs ont constaté que le traitement par Withania somnifera augmentait la durée de vie et améliorait les performances motrices. On pense que les effets positifs observés sont dus, en partie, aux propriétés anti-inflammatoires du Withania somnifera, comme le montre la réduction de l’activation du NF-κB, qui joue un rôle clé dans la régulation de la réponse immunitaire. Cet essai clinique de phase 2 devrait regrouper 72 participants, qui recevront un extrait de Withania somnifera, ou un placebo, par voie orale sur une période de 8 semaines. Les chercheurs suivront les participants pour s’assurer de l’innocuité du médicament et déterminer le dosage approprié.

Environ 97 % des cas de SLA présentent des anomalies dans une protéine appelée TDP-43. Des études pré-cliniques ont montré que lorsque la quantité de la TDP-43 fonctionnelle est réduite dans les cellules, le niveau d’une autre protéine, la STMN2, diminue considérablement. Les tissus des patients analysés par les chercheurs ont également montré que les niveaux de STMN2 sont plus faibles que prévu, spécifiquement dans les motoneurones. Ces découvertes soutiennent l’idée qu’une réduction de STMN2 résultant d’un dysfonctionnement de la TDP-43 contribue à la SLA et suggèrent que les méthodes visant à préserver les niveaux de STMN2 dans les motoneurones pourraient avoir un bénéfice thérapeutique. Le QRL-201 est une thérapie génétiquement ciblée qui vise à rétablir des niveaux normaux de STMN2 chez les personnes vivant avec la SLA. Cette étude de phase 1 inclura 64 participants qui seront répartis au hasard pour recevoir soit le médicament actif (QRL-201), soit un placebo dans le liquide céphalorachidien par une procédure connue sous le nom d’injection intrathécale. Les chercheurs suivront les participants pour s’assurer de la sécurité du médicament, déterminer le dosage approprié et comprendre comment l’organisme décompose le médicament en interne.

Les mutations du gène FUS sont une cause génétique connue de la SLA, la plupart des cas de SLA juvénile étant liés à ce gène. Les chercheurs pensent que ces mutations entraînent la production de protéines FUS anormales, susceptibles de créer des amas toxiques dans les cellules, entraînant ainsi des lésions nerveuses. ION363 est un traitement anti-sens ciblé qui se lie à l’ARN messager (ARNm) du FUS, c’est-à-dire la molécule qui transporte l’information nécessaire à la production de la protéine FUS dans les cellules. Il est administré dans le liquide céphalo-rachidien par une procédure appelée injection intrathécale. Les chercheurs espèrent que ION363 réduira les niveaux de protéine FUS anormale dans les cellules et ralentira la progression de la maladie. Cet essai clinique de phase 3 impliquera environ 64 participants et se déroulera en deux parties. Dans la première partie, les participants seront répartis au hasard dans un rapport de 2 pour 1 et recevront soit ION363, soit un placebo, par injection intrathécale, pendant une période de 29 semaines. Dans la seconde partie, tous les participants recevront ION363 pendant une période de 77 semaines. L’efficacité d’ION363 sera évaluée en mesurant le déclin fonctionnel, la qualité de vie et le taux de survie.

Comprendre pourquoi la SLA est différente chez chaque personne – ou la variabilité clinique – est essentiel pour traiter efficacement la maladie. CAPTURE SLA, une plateforme canadienne conçue pour unir les patients, les médecins et les chercheurs dans l’étude de la SLA, fournira des systèmes et les outils nécessaires à la collecte, au stockage et à l’analyse de vastes quantités d’informations sur la SLA, permettant ainsi aux chercheurs de composer le portrait biologique le plus complet à ce jour des personnes atteintes de SLA. Le protocole prévoit quatre visites d’étude à 0, 4, 8 et 12 mois. À chaque visite, un examen neurologique complet, un score ALSFRS-R, un panel cognitif, une analyse de la parole et un scanner de neuro-imagerie seront effectués. Du sang sera également collecté, avec la possibilité de donner du liquide céphalo-rachidien (LCR). L’ensemble des données recueillies par la plateforme CAPTURE SLA contribuera à l’effort mondial d’identification de sous-types uniques de SLA, à l’amélioration du développement de biomarqueurs diagnostiques et pronostiques, et à l’élaboration de stratégies de médecine personnalisée pour l’avenir.

Le lancement de CAPTURE SLA a été rendu possible grâce au soutien financier de la Fondation Brain Canada, par le biais du Fonds canadien de recherche sur le cerveau (FCRC), et de la Société canadienne de la SLA, Alnylam Pharmaceuticals et Regeneron. La Fondation Calgary Flames a également fait un don supplémentaire de 240 000 $ en décembre 2021 pour permettre à 20 personnes supplémentaires vivant avec la SLA de participer. Pour plus d’informations, veuillez consulter le site web de CAPTURE SLA ici.