Projets financés en 2023

Table des matières

Bourse de recherche clinique 2023 de la Société canadienne de la SLA et la Fondation Brain Canada

Est-il possible de mieux comprendre l’expérience des jeunes adultes d’âge moyen atteints de SLA afin de faciliter la prise en charge de la maladie en fonction de leur âge?

Les jeunes adultes d’âge moyen atteints de sclérose latérale amyotrophique et leurs proches aidants :  une étude de leurs expériences et de leurs perspectives

Une bourse de 200 000 $ a été accordée à la Dre Andrea Parks du Sunnybrook Health Sciences Centre

Environ 10 % des personnes vivant avec SLA recevront leur diagnostic avant l’âge de 50 ans. Les jeunes adultes d’âge moyen atteints de SLA sont souvent confrontés à des défis uniques liés à leur famille, à leur emploi et à leurs responsabilités financières. Pourtant, peu de recherches ont été menées pour mieux comprendre les défis physiques, psychologiques et sociaux complexes auxquels ces personnes sont confrontées, ainsi que leurs familles.

La Dre Andrea Parks cherche à mieux comprendre ces complexités propres à l’âge, restant à explorer. Grâce à cette bourse, la Dre Parks procédera à un examen approfondi des connaissances actuelles sur la manière dont l’âge et l’étape de vie influent sur l’expérience de la SLA, notamment sur les aspects physiques, psychologiques, sociaux et spirituels, ainsi que sur les besoins en matière de soins et l’accès aux services de soutien. En outre, des entretiens seront menés auprès de 25 jeunes adultes d’âge moyen diagnostiqués avec SLA, âgés de 55 ans ou moins, ainsi qu’auprès de 25 proches aidants, afin de mieux comprendre leurs expériences.

À terme, la Dre Parks souhaite apporter une compréhension globale des expériences et des défis auxquels sont confrontés les jeunes adultes d’âge moyen atteints de SLA et les membres de leurs familles qui en prennent soin. Sa recherche fournira des connaissances fondamentales qui pourront être utilisées pour contribuer au développement d’interventions et de services de soutien innovants et adaptés au groupe d’âge de cette population spécifique.

L’objectif de carrière de la Dre Parks est de devenir clinicienne-chercheuse universitaire, intégrant la pratique clinique à un programme de recherche qui aborde des questions ayant un impact significatif sur les personnes touchées par la SLA et leurs familles. Ces travaux s’appuient sur une précédente bourse dans laquelle elle s’est attachée à caractériser les différents types de détresse psychologique observés chez les patients atteints de SLA, dans le but à long terme de mettre au point un outil de dépistage systématique permettant d’améliorer l’identification précoce de la détresse psychologique et d’orienter les stratégies de prise en charge adéquates. La Dre Parks apporte une expertise unique dans ce domaine, ce qui permettra d’offrir aux Canadiens atteints de SLA des soins de la plus haute qualité. Pendant la durée de cette bourse, elle travaillera également à l’obtention d’un doctorat en épidémiologie clinique et en recherche sur les soins de santé.

Programme de bourses pour stagiaires 2023 de la Société canadienne de la SLA et la Fondation Brain Canada

Est-ce qu’une combinaison d’imagerie cérébrale avancée et d’intelligence artificielle peut révéler un biomarqueur permettant de mieux suivre la progression de la maladie?

L’étude de la progression de la maladie et des résultats de survie chez les patients atteints de SLA à l’aide de l’apprentissage profond et de la morphométrie basée sur la déformation

Une bourse de 78 000 $ a été accordée à la Dre Isabelle Lajoie, boursière postdoctorale dans le laboratoire de la Dre Mahsa Dadar au Centre de recherche Douglas de l’Université McGill

Des études d’imagerie antérieures ont mis en évidence des changements dans certaines régions du cerveau des personnes atteintes de SLA. Néanmoins, l’ampleur et la localisation de ces changements peuvent varier considérablement d’une personne à l’autre. Cela a conduit les chercheurs à se demander si la variabilité des schémas d’atrophie cérébrale est liée à la diversité des symptômes souvent observés chez les personnes atteintes de SLA, tels que l’âge d’apparition, la durée de la maladie, les changements cognitifs, etc. Si un tel lien existe, la mesure de ces changements cérébraux pourrait constituer un moyen non invasif pour les professionnels de la santé de suivre plus précisément la progression de la maladie et peut-être même de prédire les symptômes cliniques futurs et les résultats en termes de survie.

La morphométrie basée sur la déformation est une méthode fiable pour mesurer les changements dans diverses régions du cerveau à l’aide de l’imagerie par résonance magnétique (IRM). Grâce à cette bourse, la Dre Lajoie tirera parti de l’ensemble des données déjà recueillies dans le cadre d’initiatives nationales telles que le Consortium canadien de neuroimagerie de la SLA et de CAPTURE (Comprehensive Analysis Platform to Understand, Remedy, and Eliminate) SLA afin d’étudier la relation entre les mesures de la morphométrie basée sur la déformation et les symptômes cliniques. À l’aide de l’intelligence artificielle, elle espère découvrir dans les données des schémas complexes qui auraient pu rester indétectables et explorer le potentiel de la morphométrie basée sur la déformation pour prédire la progression de la maladie. 

À travers ces travaux, la Dre Lajoie cherche à identifier un biomarqueur non invasif bien nécessaire pour la SLA, qui pourrait changer la façon dont les professionnels de la santé surveillent et suivent la maladie. Les informations obtenues permettront d’approfondir notre compréhension des mécanismes qui sous-tendent la progression, les symptômes cliniques et la survie, et, à terme, d’améliorer notre capacité à gérer efficacement la maladie.

Est-ce que cette méthode sophistiquée de mesure de l’activité cérébrale peut aider les chercheurs à mieux comprendre le rôle de l’hyperexcitabilité dans la SLA et son lien avec les symptômes?

L’établissement du profil de l’excitabilité corticale dans la SLA à l’aide de la stimulation magnétique transcrânienne à suivi de seuil et de biomarqueurs multimodaux

Une bourse de 75 000 $ a été attribué à Liane Phung, doctorante co-supervisée par le Dr Agessandro Abrahao et le Dr Lorne Zinman au Sunnybrook Research Institute

Dans le réseau complexe du cerveau et de la moelle épinière, les neurones communiquent entre eux par l’intermédiaire de substances chimiques spécialisées appelées neurotransmetteurs. Lorsque ce réseau de signalisation fonctionne correctement, un équilibre délicat est maintenu entre les substances chimiques excitatrices et inhibitrices. La SLA se caractérise par une surexcitation (ou hyperexcitabilité) des motoneurones dans le cerveau, dont l’apparition est soupçonnée avant même l’apparition des symptômes. Ce changement ce produit au niveau cellulaire et n’est pas perceptible par les personnes qui en souffrent, mais les chercheurs ont trouvé des preuves d’hyperexcitabilité dans les renseignements électriques du cerveau et dans les marqueurs du liquide céphalo-rachidien des personnes atteintes de SLA. La relation entre l’hyperexcitabilité et les symptômes cliniques n’est cependant pas claire.

Grâce à cette bourse, Liane explorera le lien entre l’hyperexcitabilité dans la SLA et divers paramètres cliniques et de neuro-imagerie, en plus d’un biomarqueur basé sur les fluides. Les circuits d’excitabilité du cerveau seront évalués à l’aide de la stimulation magnétique transcrânienne à suivi de seuil, une technique non invasive qui utilise un champ magnétique pour stimuler les cellules nerveuses. Au cours du premier essai, Liane analysera les données d’un groupe de 100 témoins sains afin d’établir des valeurs « normales » pour divers paramètres de stimulation magnétique transcrânienne à suivi de seuil. Elle évaluera ensuite la fiabilité de ces différentes mesures de stimulation magnétique transcrânienne à suivi de seuil dans un groupe plus restreint de 20 personnes atteintes de SLA sur une période de trois jours. Enfin, elle cherchera à identifier des profils cliniques spécifiques associés à l’hyperexcitabilité en comparant les mesures de stimulation magnétique transcrânienne à suivi de seuil de 30 personnes atteintes de SLA contre des données démographiques, de neuro-imagerie et cliniques (telles que les résultats de l’ALSFRS-R et les niveaux de lumière du neurofilament dans le sang – un biomarqueur de la neurodégénérescence).

Cette recherche pourrait contribuer à valider la stimulation magnétique transcrânienne à suivi de seuil comme méthode de détection de biomarqueurs non invasifs de la SLA, ce qui faciliterait le diagnostic et pourrait conduire à des options de traitement plus personnalisées à l’avenir. Les efforts visant à identifier des profils de maladies spécifiques, ou des sous-groupes, basés sur l’hyperexcitabilité peuvent également contribuer à améliorer la conception des essais cliniques, étant donné que la possibilité de recruter des participants en fonction de sous-types spécifiques de la SLA réduirait l’hétérogénéité et augmenterait donc la probabilité de détecter les effets du traitement.

Est-ce que les infections virales aiguës jouent un rôle dans le déclenchement ou l’accélération de la progression de la SLA?

Déterminer la contribution d’une infection virale aiguë à l’apparition et à la progression de la SLA

Une bourse de 25 000 $ a été accordée à Art Marzok, étudiant en doctorat dans le laboratoire du Dr Matthew Miller à McMaster University

L’apparition et la progression de la SLA semblent être influencées à la fois par des facteurs génétiques et environnementaux, ce qui explique certaines des différences observées chez les personnes atteintes de la maladie. Les infections virales représentent un des facteurs de risque environnementaux potentiels. En effet, de nouvelles données suggèrent que des rétrovirus endogènes tels que HERV-K, vestiges de l’ADN viral transmis par les infections passées de nos ancêtres, peuvent favoriser l’inflammation et la dégénérescence des motoneurones dans un sous-ensemble de cas de SLA. Pourtant, le rôle des infections virales aiguës dans l’apparition de la SLA – infections soudaines et rapides – telles que celles causées par la grippe et les coronavirus, est très peu connu.

Cette bourse permettra à Art de déterminer si les infections virales aiguës contribuent à l’apparition ou accélèrent la progression des symptômes de la SLA. Ces travaux s’appuient sur ses études précédentes, qui ont révélé que les souris porteuses d’une mutation associée à la SLA (SOD1) et précédemment exposées à la grippe A présentaient une évolution accélérée de la maladie par rapport à leurs homologues non infectées. Même les souris exposées à un virus inactivé présentaient les mêmes symptômes accélérés, ce qui suggère que la réponse immunitaire déclenchée par l’infection a joué un rôle essentiel dans l’aggravation de la maladie.

Art poursuivra ses recherches sur les souris dans le cadre de cette étude, afin d’élucider les mécanismes par lesquels les infections virales influencent la SLA. Il élargira également le champ de ses recherches au SRAS CoV-2, le virus responsable de la COVID-19, afin d’étudier son impact sur la progression de la SLA. Ce projet fournira de nouvelles informations sur le rôle des infections virales aiguës dans la SLA, et pourrait ouvrir la voie à de futures stratégies thérapeutiques et préventives.

Est-ce qu’une meilleure compréhension de l’influence de cette protéine particulière sur la production globale de protéines dans les cellules peut donner des indices sur le traitement de la SLA?

La traduction défectueuse des protéines : une voie causale dans la SLA?

Une bourse de 75 000 $ a été accordée à Amrita, doctorante dans le laboratoire du Dr Neil Cashman à University of British Columbia

Dans la grande majorité des cas de SLA, il y a une accumulation anormale d’une protéine appelée TDP-43 à l’intérieur des neurones. La TDP-43 joue un rôle crucial dans le traitement des molécules d’ARN messager (ARNm), qui servent de plan génétique pour la synthèse des protéines au niveau de structures cellulaires spécifiques appelées ribosomes. Lorsque la TDP-43 passe du noyau (où elle se trouve normalement) au cytoplasme – une caractéristique de la SLA – elle n’est plus en mesure de remplir efficacement sa fonction normale. Cependant, les mécanismes précis qui sous-tendent la contribution de TDP-43 à la SLA n’ont pas été entièrement élucidés, ce qui complique le développement de thérapies efficaces.

Selon des études antérieures, l’accumulation de TDP-43 cytoplasmique entraîne une diminution de la production globale de protéines dans les cellules. Les recherches menées dans le laboratoire du Dr Cashman ont mis en évidence le rôle thérapeutique potentiel d’une protéine ribosomale spécifique appelée Receptor of Activated C-Kinase 1 (RACK1). Ces recherches ont montré que la diminution des niveaux de RACK1 peut réduire l’accumulation de TDP-43 dans le cytoplasme, relocaliser partiellement la TDP-43 dans le noyau et restaurer la production normale de protéines dans les cellules. Les résultats suggèrent un nouveau mécanisme pathologique dans lequel la pathologie TDP-43 est médiée par RACK1.

Grâce à cette bourse, Amrita compte approfondir la relation entre RACK1 et la TDP-43 dans la SLA. Ses recherches viseront à comprendre comment la réduction des niveaux de RACK1 favorise le rétablissement de la production de protéines dans les cellules et si la diminution de son niveau d’expression dans des modèles de mouches de fruits de SLA peut prévenir la neurodégénérescence. Les résultats de cette étude pourraient constituer une base pour l’exploration de futures thérapies basées sur RACK1 pour la SLA, ainsi qu’améliorer notre compréhension des mécanismes liés à la pathologie TDP-43, le rôle spécifique de RACK1 dans la SLA, et élucider davantage les défauts de production de protéines dans les maladies neurodégénératives.

Est-ce que cette nouvelle aide à la décision améliorera la planification précoce des soins et la gestion des symptômes de SLA bulbaire?

Développement d’une aide à la décision partagée pour la gestion des symptômes bulbaires dans la SLA

Une bourse de 50 000 $ a été accordée à Anna Huynh, doctorante dans le laboratoire de la Dre Yana Yunusova au Sunnybrook Research Institute

Les symptômes bulbaires, qui affectent la parole et l’ingestion, sont parmi les aspects les plus difficiles de la SLA. La planification précoce des soins, en particulier pour les symptômes bulbaires, est essentielle pour maintenir la fonction et la qualité de vie le plus longtemps possible. Mais les décisions thérapeutiques concernant les symptômes bulbaires dépendent largement des préférences personnelles, comme l’utilisation de systèmes de suppléance à la communication orale et la mise en place d’une sonde d’alimentation. Ces décisions sont souvent reportées en raison de la complexité de la maladie et de leur caractère personnel, ce qui amène les personnes atteintes de SLA bulbaire à retarder ces décisions jusqu’à ce que les symptômes se manifestent pleinement, entraînant de multiples priorités concurrentes en matière de soins.

Les aides à la décision sont des outils indispensables pour faciliter les décisions sensibles aux préférences et améliorer la communication entre les professionnels de la santé et les patients concernant les options thérapeutiques. Malgré leur utilisation croissante dans le domaine de la SLA, les ressources disponibles pour soutenir la prise de décision partagée dans la gestion des symptômes bulbaires restent insuffisantes.

Avec cette bourse, Anna cherche à développer un outil spécialisé pour faciliter les conversations sur la prise de décision concernant la gestion des symptômes bulbaires entre les personnes atteintes de SLA, leurs aidants et les professionnels de la santé. À travers d’entretiens, Anna comprendra mieux le processus de prise de décision pour la gestion des symptômes bulbaires, lui permettant ainsi de créer un outil qui prend en compte les besoins et les valeurs de chacun. Elle développera et affinera ensuite un prototype d’aide à la décision qui sera testé dans une clinique de la SLA, afin de recueillir les réactions des utilisateurs et d’évaluer l’expérience de ces derniers.

Ce travail vise à fournir une approche informée et structurée de la prise de décision adaptée à la prise en charge des symptômes bulbaires de la SLA. Il a également été démontré que les aides à la décision améliorent les interactions entre le professionnel et le patient et garantissent des décisions conformes aux valeurs de l’individu et de la famille. Cet outil a donc le potentiel d’améliorer de manière significative les soins aux personnes vivant avec la SLA bulbaire.