Les cellules microgliales sont les principales cellules immunitaires du cerveau et de la moelle épinière. Elles patrouillent le système nerveux central pour repérer et éliminer les débris cellulaires indésirables et les neurones morts, ainsi que des organismes comme les bactéries et les virus qui présentent des risques d’infection. Lorsqu’elles détectent des envahisseurs, elles changent leur comportement pour déclencher la réponse immunitaire du corps afin de s’occuper des problèmes. Après la résolution des problèmes, les cellules microgliales retournent à leur état de repos.
Toutefois, dans de nombreuses maladies neurodégénératives comme la SLA, les cellules microgliales peuvent devenir chroniquement suractivées et toxiques pour les neurones. « L’activation chronique, c’est un peu comme lorsque votre ordinateur gèle quand vous avez trop de fenêtres de navigation ouvertes », explique la Dre Jasna Kriz, chercheuse chevronnée au Centre de recherche CERVO de l’Université Laval. « Les cellules microgliales sont constamment activées et ne peuvent pas retourner à l’état de repos, elles deviennent submergées, elles arrêtent de répondre et empêchent les bonnes réponses immunitaires. »
La découverte d’une nouvelle protéine
Au début des années 2000, les scientifiques ont testé un médicament antibiotique bactérien existant appelé minocycline dans des essais cliniques sur des humains pour voir s’il pouvait réduire l’inflammation et les réponses immunitaires, et par conséquent, ralentir la progression de la SLA chez les gens atteints de la maladie. Les essais ont échoué. L’une des raisons qui expliquent pourquoi le médicament n’a pas fonctionné comme prévu est qu’il agissait de façon générale et ne ciblait pas les mécanismes spécifiques de l’inflammation et des réponses immunitaires observés dans la SLA.
Étudiante postdoctorale à l’époque, la Dre Kriz souhaitait savoir pourquoi un médicament qui avait si bien fonctionné dans trois études de laboratoire indépendantes avait échoué dans les essais cliniques sur des humains. Elle a lancé son propre laboratoire et depuis, elle concentre ses recherches sur l’étude de l’interaction et des processus qui surviennent entre les cellules immunitaires et les neurones. Certaines de ses recherches précédentes ont été financées par l’intermédiaire du Programme de recherche de la Société canadienne de la SLA.
La Dre Kriz a récemment découvert qu’une protéine appelée « serine/arginine-rich splicing factor 3 » (SRSF3) peut empêcher les gènes des cellules microgliales de produire les bonnes protéines pour favoriser une réponse immunitaire saine. Elle peut faire en sorte que les cellules microgliales passent de leur état sain et utile habituel à un état de cellules anormales chroniquement activées qui deviennent toxiques pour les neurones.
Ses recherches préliminaires sur des souris génétiquement modifiées pour modéliser la forme SOD1 de la SLA humaine ont démontré la même réponse immunitaire perturbée dans les cellules microgliales. De plus, grâce à une collaboration avec la Dre Angela Genge, directrice de la clinique de la SLA de l’Institut et hôpital neurologique de Montréal de l’Université McGill, la Dre Kriz a découvert une augmentation de l’activité de SRSF3 dans le liquide céphalorachidien des gens atteints de la SLA sporadique, mais pas chez les gens sans SLA dans une petite étude exploratoire.