Un groupe de virus appelés entérovirus cause habituellement des maladies bénignes dont les symptômes peuvent comprendre de la fièvre, des difficultés respiratoires, des douleurs musculaires semblables à celles causées par la grippe; ces symptômes s’apparentent à ceux d’un rhume. Cependant, certains entérovirus peuvent causer des problèmes de santé plus graves, comme l’entérovirus D68 qui peut causer des maladies respiratoires graves ou le poliovirus qui cause la polio.
Certains chercheurs soupçonnent depuis longtemps que des entérovirus pourraient être liés à la SLA en raison de leur capacité à attaquer les motoneurones, mais les preuves d’un lien causal ont été inconcluantes jusqu’ici. « Certaines personnes atteintes de SLA ont déjà été exposées à une infection due à un entérovirus, tandis que d’autres ne l’ont pas été », affirme Yasir Mohamud, un candidat au doctorat qui travaille depuis 2016 dans le laboratoire de la Dre Honglin Luo, à l’Université de la Colombie-Britannique.
Mohamud a récemment reçu une bourse de stagiaire de 75 000 $ financée par le programme de recherche de la Société canadienne de la SLA, en partenariat avec la Fondation Brain Canada, pour explorer une corrélation potentielle entre l’infection à entérovirus et la SLA. « Ce projet sera le premier à déterminer si l’entérovirus peut causer la pathologie de la SLA chez la souris. Si tel est le cas, cela suggère que l’utilisation d’antiviraux pour cibler les entérovirus pourrait être une nouvelle stratégie thérapeutique formidable à l’avenir », a déclaré Mohamud. « Si nous ne trouvons pas de lien de causalité, la création de ces modèles de SLA avec entérovirus nous sera tout de même très utile pour étudier la SLA dans le cadre de futures recherches. »
Une nouvelle découverte
La Dre Luo et son équipe étudient les entérovirus depuis 15 ans, tout en se concentrant principalement sur les maladies cardiovasculaires. Récemment, ils ont découvert que l’infection des motoneurones par des entérovirus produisait des changements qui présentent des similitudes frappantes avec ceux observés chez les patients atteints de SLA. Les similitudes comprenaient les anomalies de la protéine TDP-43 et une réduction de la capacité des motoneurones à éliminer les déchets cellulaires dans un processus appelé autophagie. « En nous basant sur nos découvertes, nous pensons que l’entérovirus pourrait être un facteur causal ou un facteur de risque dans le déclenchement de la SLA », a mentionné Mohamud.
Faire progresser la recherche sur la SLA
Le laboratoire de la Dre Luo effectuera des tests sur des souris en santé pour savoir si elles développent les signes et les symptômes de la SLA après avoir été infectées par un entérovirus, et si le virus accélère la progression de la SLA chez des souris qui ont été génétiquement modifiées pour modéliser la maladie.
Ils s’attendent à ce que les modèles murins de la SLA présentent davantage d’irrégularités typiques de la protéine TDP-43 observées dans les cas de SLA, soit la redistribution de la protéine TDP-43 du noyau au cytoplasme et son agglomération dans les motoneurones ainsi qu’une capacité perturbée à éliminer les déchets cellulaires, comme la protéine TDP-43 et les autres déchets cellulaires. On croit que cette accumulation cause une toxicité.
Mohamud étudiera comment l’entérovirus se propage dans le système nerveux central des souris et s’il favorise la propagation de la protéine TDP-43 anormale et de la protéine SOD1, une autre protéine qui peut mal se replier et entraîner une toxicité des motoneurones dans la SLA. Pour cette partie du projet, il collaborera avec le Dr Neil Cashman, directeur de la Clinique de la SLA de Vancouver Coastal Health et chercheur sur la SLA à l’Université de la Colombie-Britannique. Les recherches du Dr Cashman se concentrent sur les processus de mauvais repli des protéines dans les maladies neurodégénératives. Il a découvert que les anomalies de la protéine SOD1 peuvent déclencher des problèmes chez la protéine TDP-43 dans les cas de SLA et peuvent jouer un rôle dans la façon dont la toxicité se propage dans le système nerveux.
Ce projet de recherche est l’un des six nouveaux projets de recherche de stagiaire financés en 2018 par le Programme de recherche de la Société canadienne de la SLA, qui constitue la seule source de financement dédiée à la recherche sur la SLA au Canada. Les bourses de stagiaires de la Société canadienne de la SLA appuient les chercheurs en puissance dans le domaine, qu’ils soient étudiants au doctorat, chercheurs postdoctoraux ou chercheurs cliniques associés. Les bourses de stagiaires encouragent les jeunes chercheurs à faire de la SLA leur champ d’intérêt et permettent d’assurer que le Canada possède une base de talents solide en matière de recherches sur la SLA, aujourd’hui et à l’avenir.
Le financement du projet a suivi un processus rigoureux d’évaluation scientifique par des comités de spécialistes internationaux de la SLA. Les membres de ces comités ont évalué un grand nombre de candidatures pour repérer les projets qui font preuve d’excellence scientifique et qui ont le potentiel de faire progresser le plus rapidement le champ de recherche de la SLA afin de mettre au point des traitements efficaces.
La Société canadienne de la SLA est un organisme de bienfaisance enregistré qui ne reçoit aucun financement public. Tout ce qu’elle fait – du financement de la recherche au soutien communautaire des personnes aux prises avec la SLA – est rendu possible uniquement grâce à la générosité des donateurs et aux partenariats avec les sociétés provinciales de la SLA qui contribuent à son programme de recherche.