Les méthodes actuellement utilisées pour diagnostiquer la SLA peuvent prendre jusqu’à deux ans et reposent en grande partie sur l’exclusion d’autres affections qui présentent des signes ainsi que des symptômes similaires. On croit qu’au moment du diagnostic de la SLA, les traitements pourraient être moins efficaces, car les dommages aux neurones sont déjà trop importants. Par conséquent, il est désespérément nécessaire de trouver un meilleur moyen de diagnostiquer la SLA plus tôt.

L’un des traits propres à la SLA est que 97 % des cas sont liés à l’accumulation de protéines TDP-43 mal repliées dans les motoneurones. Une théorie veut que certains motoneurones mourants expulsent la protéine TDP-43 mal repliée. Certaines de ces protéines TDP-43 mal repliées qui sont expulsées peuvent se retrouver dans le liquide céphalorachidien. Si tel est le cas, alors l’analyse du liquide céphalorachidien pour mesurer les taux de protéines TDP-43 mal repliées pourrait servir de marqueur biologique, ou « biomarqueur », de la SLA.

Grâce à une bourse de stagiaire de 165 000 $ financée par le programme de recherche de la Société canadienne de la SLA, en partenariat avec la Fondation Brain Canada, le Dr Yulong Sun, boursier postdoctoral travaillant dans le laboratoire du Dr Avi Chakrabartty au Réseau universitaire de santé à Toronto, espère mettre au point un nouveau test de laboratoire qui permettra de détecter la protéine TDP-43 mal repliée dans le liquide céphalorachidien des personnes atteintes de SLA.

« Si nous pouvons diagnostiquer la SLA plus tôt, nous pourrons identifier et recruter des volontaires dans des essais cliniques tandis que la maladie en est encore à un stade précoce et que les traitements auraient plus de chances d’être efficaces », a déclaré le Dr Sun. « Un nouveau test de laboratoire permettant de détecter la protéine TDP-43 mal repliée dans le liquide céphalorachidien pourrait également être utilisé comme diagnostic complémentaire dans les essais cliniques pour mesurer la progression de la maladie en réponse à de nouveaux traitements. »

 

Anticorps de conception

Les anticorps sont des molécules produites par l’organisme pour détecter les corps étrangers en reconnaissant une protéine particulière sur les envahisseurs. Par exemple, lorsque vous êtes malade en raison d’un rhume, votre corps produit des anticorps qui reconnaissent la séquence protéique des germes du rhume et s’y fixent comme des drapeaux afin que vos cellules immunitaires puissent identifier les envahisseurs et les détruire.

Le Dr Sun et ses collègues chercheurs ont mis au point des anticorps prometteurs qui peuvent détecter avec succès la protéine TDP-43 mal repliée dans des expériences en laboratoire utilisant des tissus cérébraux post-mortem. Contrairement aux anticorps standard qui se lient à toutes les protéines TDP-43, ces nouveaux anticorps ne se lient qu’à la forme mal repliée. Pour valider ces nouveaux anticorps, le Dr Sun utilisera un outil qui les combinera avec d’autres anticorps offerts sur le marché qui contiennent des particules d’or. Cette méthode lui permettra d’identifier et de compter les agglutinements de protéines TDP-43 mal repliées à l’aide d’une technologie d’imagerie avancée appelée « immunogold electron microscopy » (ou marquage Immunogold en microscopie électronique).

 

Concevoir un nouveau test de laboratoire pour diagnostiquer la SLA

D’abord, le Dr Sun testera les nouveaux anticorps pour voir s’il peut détecter et compter les protéines TDP-43 mal replié dans 40 échantillons de liquide céphalorachidien déjà prélevés chez des personnes atteintes de SLA à la clinique de la SLA du Sunnybrook Health Sciences Centre, à Toronto. Il comparera les résultats aux échantillons provenant de personnes dont on ne s’attend pas à ce qu’elles présentent un mauvais repli de la TDP-43. Si les anticorps peuvent détecter et mesurer avec succès les taux de TDP-43 mal repliées, il prévoit mettre au point un test de laboratoire bien simple appelé immunoessai qui pourrait un jour aider les médecins à diagnostiquer la SLA plus tôt en environnement clinique et à surveiller la progression de la maladie.

Faire progresser la recherche sur la SLA

Le Dr Sun entretient de grands espoirs pour son projet étant donné que le Dr Chakrabartty a utilisé une approche similaire pour développer avec succès un nouvel anticorps qui ne se lie qu’à une protéine mal repliée impliquée dans une autre maladie appelée amyloses à transthyrétine. L’anticorps se fixe à la protéine transthyrétine (TTR) mal repliée qui peut former des dépôts de plaque amyloïde dans les vaisseaux sanguins et ainsi entraîner une insuffisance cardiaque. Le Dr Chakrabartty a fait progresser son innovation au point où il travaille maintenant avec une société pharmaceutique pour utiliser cet anticorps dans un essai clinique visant à développer un médicament expérimental.

À lui seul, un anticorps de la SLA peut également avoir le potentiel de devenir une stratégie thérapeutique dans l’avenir. « Si l’anticorps peut se lier à la TDP-43 mal repliée, il pourrait être possible de le modifier pour aider les cellules immunitaires de l’organisme à reconnaître et à éliminer les agrégats, comme le fait l’anticorps TTR », a déclaré le Dr Sun. « Un jour, j’aimerais démarrer une petite entreprise biotechnologique et promouvoir l’utilisation d’un nouvel immunoessai dans les essais cliniques. »

Ce projet de recherche compte sur l’une des six bourses de stagiaire financées en 2018 par le Programme de recherche de la Société canadienne de la SLA, qui constitue la seule source de financement dédiée à la recherche sur la SLA au Canada. Les bourses de stagiaires de la Société canadienne de la SLA appuient les chercheurs en puissance dans le domaine, qu’ils soient étudiants au doctorat, chercheurs postdoctoraux ou chercheurs cliniques associés. Les bourses de stagiaires encouragent les jeunes chercheurs à faire de la SLA leur champ d’intérêt et permettent d’assurer que le Canada possède une base de talents solide en matière de recherches sur la SLA, aujourd’hui et à l’avenir.

Le financement du projet a suivi un processus rigoureux d’évaluation scientifique par des comités de spécialistes internationaux de la SLA. Les membres de ces comités ont évalué un grand nombre de candidatures pour repérer les projets qui font preuve d’excellence scientifique et qui ont le potentiel de faire progresser le plus rapidement le champ de recherche de la SLA afin de mettre au point des traitements efficaces.

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