En 2018, Dr Ulises Rodriguez Corona était à la recherche d’un nouveau domaine de recherche où il pourrait appliquer ses connaissances et son expertise dans la biologie de la production de protéines dans les cellules et dans les instructions génétiques qui contrôlent leur comportement. Lorsqu’il eut vent de l’occasion d’effectuer des recherches haute technologie sur les interactions protéine-protéine dans le métabolisme de l’ARN au laboratoire de Dre Marlene Oeffinger à l’Institut de recherches cliniques de Montréal (IRCM), la possibilité de travailler dans le domaine de la recherche sur la SLA a plus que compensé le fait de devoir laisser le climat chaud de son pays d’origine, le Mexique.
Dans le cadre de ses travaux précédents, Dr Rodríguez Corona a compris que la phosphoinositide (amalgame de graisses spécialisées) interagit avec des protéines présentes dans les mouchetures nucléaires (de petites structures qui se forment et se dissolvent dans le noyau des cellules). Après avoir lu quelques articles scientifiques écrits par d’autres scientifiques qui ont découvert que la TDP-43 et la FUS (deux protéines qui se comportent anormalement dans la SLA) étaient également présentes dans les mouchetures nucléaires, il s’est demandé si la phosphoinositide jouait elle aussi un rôle dans la SLA. Excité à l’idée d’approfondir ses connaissances dans ce domaine, il a travaillé avec Dre Oeffinger pour concevoir un projet de recherche sur la SLA.
Grâce à une bourse de 165 000 $ reçue du Programme de bourses pour stagiaires de la Société canadienne de la SLA, Dr Rodriguez Corona explorera la biologie normale des mouchetures nucléaires pour confirmer si la phosphoinositide interagit avec les protéines TDP-43 et FUS, avec pour conséquence de changer la fonction des deux protéines et de modifier la façon dont elles pénètrent et sortent des mouchetures nucléaires.
La plupart des chercheurs qui étudient les protéines TDP-43 et FUS concentrent leurs efforts sur la façon dont ces deux protéines ont tendance à s’amasser dans le cytoplasme des neurones moteurs dans la SLA. « Je suis très heureux d’être à la recherche d’indices sur ce qui se passe dans le noyau, a déclaré Dr Rodriguez Corona. Si j’arrive à démontrer que la phosphoinositide contrôle le comportement de ces protéines dans les mouchetures nucléaires, il se peut que l’une des premières étapes du développement de la SLA soit liée au fait de ne pas pouvoir remplir cette fonction correctement. »
Qu’entend-on par mouchetures nucléaires?
Si vous avez déjà libellé et colorié les différentes parties d’une cellule lorsque vous étiez à l’école, vous vous rappellerez que les cellules contiennent plusieurs structures avec des noms bien particuliers comme le noyau, les lysosomes et les mitochondries.
Mais si vous pouviez étudier une cellule vivante au moyen d’un microscope à haute puissance, vous verriez qu’elles comportent également des mouchetures. Celles-ci s’amassent et se dissolvent d’une manière semblable à la façon dont l’huile se combine avec le vinaigre pour former des gouttelettes qui se dissipent dans la vinaigrette. Pendant de nombreuses années, les scientifiques ne savaient pas de quoi ces mouchetures étaient composées. Dans la dernière décennie, ils ont découvert qu’elles sont composées de protéines et de l’ARN.
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Dans le cadre de son projet, Dr Rodríguez Corona étudiera la biologie normale des mouchetures nucléaires. Dans son travail préliminaire, il a déjà découvert un type de phosphoinositide qui interagit avec les protéines TDP-43 et FUS. Les protéines TDP-43 et FUS se retrouvent principalement dans le noyau cellulaire des neurones moteurs, où elles jouent un rôle important. En présence de la SLA, cependant, elles se comportent anormalement en sortant du noyau cellulaire pour s’amasser dans le cytoplasme. Dans le cadre de son travail, Dr Rodríguez Corona examinera si ce type de phosphoinositide, et possiblement d’autres, module le comportement des protéines TDP-43 et FUS et s’il est nécessaire pour faire en sorte qu’elles demeurent dans le noyau de cellules saines.
Puisqu’il n’existe encore aucun traitement efficace connu contre la SLA et que peu d’options de traitement sont disponibles pour la plupart des personnes vivant avec cette maladie, Dr Rodríguez Corona est impatient de voir si son projet révèlera de nouvelles découvertes capables de faire avancer la recherche sur la SLA.
« Il y a encore tellement de choses à découvrir sur ce qui déclenche le développement de la SLA, a déclaré Dr Rodríguez Corona. Je suis très heureux de pouvoir m’appuyer sur mes travaux antérieurs pour explorer une idée tout à fait nouvelle. Si nous constatons que les phosphoinositides modulent le comportement des protéines TDP-43 et FUS dans les mouchetures nucléaires, alors il pourrait être intéressant d’étudier comment normaliser leur comportement en vue de découvrir de nouveaux traitements contre la SLA à l’avenir. »