Kumar a une grande soif de découvrir les mécanismes biologiques qui expliquent les maladies neurodégénératives. Après avoir obtenu son baccalauréat et sa maîtrise en sciences d’un institut de recherche prestigieux de l’Inde, il a déménagé au Canada pour travailler dans le domaine de la recherche sur la SLA. En 2017, il s’est joint au laboratoire de DrPeter McPherson à l’Institut et hôpital neurologiques de Montréal de l’Université McGill.
Kumar a récemment obtenu une bourse de stagiaire de 75 000 $ de la part du programme de recherche de SLA Canada afin d’élucider un des plus grands mystères de la SLA : la façon dont les mutations du gène C9orf72 sont responsables de la forme génétique la plus commune de la SLA.
« Dr McPherson m’a offert plusieurs projets, mais j’ai choisi de travailler sur celui-ci parce qu’il est passionnant de travailler sur une question qui demeure ouverte, a déclaré M. Kumar. Ce projet pourrait nous permettre de découvrir de nouvelles idées qui sont susceptibles d’aider les scientifiques à élaborer de nouveaux traitements adaptés à un grand nombre de personnes atteintes de la SLA. »
L’amélioration des méthodes de laboratoire
En 2011, des scientifiques ont découvert que les mutations d’un gène appelé C9orf72 sont la cause génétique la plus fréquente de développer la SLA. À ce jour, nous savons que les personnes porteuses de ces mutations produisent moins de protéines C9orf72, tout en produisant également des substances toxiques dans leurs neurones moteurs. Mais nous ne savons toujours pas comment cela entraîne la SLA. Afin de déterminer la façon dont un faible niveau de protéines C9orf72 pourrait causer la maladie, il faut d’abord comprendre la fonction normale de cette protéine.
Il y a quelques années, Dr Carl Laflamme, qui travaillait dans le laboratoire de Dr McPherson, a découvert que les méthodes utilisées pour détecter la protéine C9orf72 dans certaines études précédentes étaient erronées. En 2016, avec l’appui du programme de bourses pour stagiaires de la Société canadienne de la SLA et d’une initiative appelée ALS Reproducible Antibody Platform (qui est co-financée par SLA Canada, la ALS Association [É.-U.] et la MND Association [R.-U.]), il a utilisé des méthodes corrigées ainsi que des anticorps validés. Ceci lui a permis de découvrir que la protéine C9orf72 était très concentrée dans les macrophages, un type de globule blanc. Le mot « macrophage » vient du mot grec qui signifie « gros mangeurs », nom tout à fait approprié pour ces cellules qui détectent, entourent et digèrent les agents pathogènes et les débris cellulaires.
S’appuyant sur ce travail, M. Kumar a récemment participé à la rédaction d’un article scientifique qui partage avec l’ensemble de la communauté de la SLA les meilleures pratiques liées à l’utilisation d’anticorps validés dans la recherche sur la SLA. Pour cet article, il a collaboré avec Dr Laflamme, Dr McPherson et d’autres chercheurs sur la SLA de l’Université McGill, de l’Université de Toronto et de l’Université d’Oxford. L’article fut publié en octobre 2019.
Élucider le mystère de la protéine C9orf72
Kumar soupçonne que, puisque la protéine C9orf72 est souvent détectée dans les macrophages, il est probable qu’elle joue un rôle important pour ces cellules. À son avis, leur rôle consiste à contrôler la capacité à digérer les agents pathogènes et les débris cellulaires. Ainsi, si les taux de protéines C9orf72 diminuent, la capacité normale des macrophages à débarrasser notre système d’agents pathogènes est susceptible d’être affectée. Puisque les macrophages représentent l’une des façons dont nous protégeons notre système immunitaire, le dysfonctionnement de ce système pourrait être lié à la dégénérescence des neurones moteurs dans la SLA.
Pour tester sa théorie, M. Kumar utilisera des anticorps validés pour mener une série d’expériences visant à mesurer la quantité de protéines C9orf72 et leur activité dans des échantillons de sang donnés par des familles atteintes de la SLA. Il utilisera également une nouvelle technique de laboratoire qu’il a créé. Celle-ci lui permet de mesurer la quantité de protéines et leur fonction depuis l’intérieur des cellules. Si la perte de la fonction normale de la protéine C9orf72 joue effectivement un rôle dans les processus morbides de la SLA, cette information fournira des renseignements importants sur le développement de nouveaux traitements contre la SLA à l’avenir.
Depuis qu’il s’est joint au laboratoire de Dr McPherson, M. Kumar a aimé apprendre comment maîtriser des techniques de laboratoire complexes ainsi que les séances de remue-méninges avec ses collègues. Il a participé aux deux derniers forums sur la recherche de SLA Canada organisés à Toronto, où il a eu l’occasion de rencontrer des personnes vivant avec la SLA.
« Je suis un scientifique en biologie cellulaire fondamentale. Le fait de rencontrer des patients m’a permis d’obtenir un aperçu unique ainsi qu’une meilleure compréhension de cette maladie », a déclaré M. Kumar. « Je pense toujours à la situation du patient dans son ensemble lorsque je mène mes expériences. Cela me pousse à poursuivre mes activités. »